La gestion de projet s’est considérablement diversifiée au fil des années. Aujourd’hui, les organisations ont le choix entre plusieurs méthodologies, dont deux approches dominantes : la gestion de projet classique (souvent appelée cycle en V ou « Waterfall ») et la gestion de projet agile.
Mais comment choisir la bonne approche ? Faut-il s’adapter au projet, à l’équipe, à l’environnement ou à l’organisation ? Cet article propose un tour d’horizon complet pour comprendre les différences, les avantages et les critères de choix entre ces deux grandes méthodes.
1. Les fondements de la gestion de projet classique
La gestion de projet classique repose sur une planification séquentielle. On parle souvent de cycle en V, dans lequel chaque phase dépend de la précédente :
- Expression des besoins
- Spécifications
- Conception
- Développement
- Tests
- Livraison
Cette méthode repose sur une idée clé : tout prévoir avant de commencer l’exécution. Elle est particulièrement adaptée aux projets bien cadrés, dont les exigences sont stables, comme :
- Construction
- Industrie lourde
- Infrastructure IT
- Projets réglementaires
Le pilotage se fait par le triptyque coûts/délais/qualité, avec une documentation très présente et un formalisme élevé.
2. Les principes de la gestion de projet agile
L’agilité, popularisée par le Manifeste Agile (2001), repose sur des cycles courts, appelés sprints, et une forte adaptabilité aux changements. Les piliers de l’agilité sont :
- La collaboration avec le client
- L’itération rapide
- L’amélioration continue
- La livraison de valeur en continu
Les méthodes agiles les plus connues sont :
- Scrum
- Kanban
- SAFe (pour les grandes organisations)
- Lean Startup (dans l’innovation)
L’agilité est très utilisée dans :
- Le développement logiciel
- L’innovation produit
- Les environnements mouvants et incertains
Le pilotage agile se concentre sur la valeur métier, l’adaptation permanente et l’autonomie des équipes.
3. Comparatif : classique vs agile
Critères | Gestion classique | Gestion agile |
---|---|---|
Structure | Séquentielle | Itérative et incrémentale |
Planification | Totale en amont | Ajustable à chaque sprint |
Documentation | Lourde et formelle | Légère et évolutive |
Relation client | Contrat formalisé | Collaboration continue |
Changements | Mal acceptés (risque) | Bienvenus (opportunité) |
Livraison | En fin de projet | Régulière et progressive |
Rôle du chef de projet | Central et décisionnaire | Facilitateurs multiples (Scrum Master, Product Owner) |
Chaque modèle présente des forces et des limites, selon le contexte du projet.
4. Critères pour choisir la bonne approche
Voici les principaux facteurs pour déterminer l’approche à privilégier :
a. Clarté des besoins
- Besoins figés → gestion classique
- Besoins évolutifs ou incertains → approche agile
b. Durée et complexité
- Projets longs, structurés, réglementés → classique
- Projets rapides, modulaires ou exploratoires → agile
c. Disponibilité du client
- Client peu disponible → classique
- Client impliqué en continu → agile
d. Culture d’entreprise
- Hiérarchie forte, process rigides → classique
- Culture ouverte, collaborative, expérimentale → agile
e. Équipe projet
- Équipe segmentée avec expertises cloisonnées → classique
- Équipe pluridisciplinaire, autonome → agile
L’idéal est souvent de ne pas opposer les deux, mais de les adapter.
5. Vers des approches hybrides : l’agilité raisonnée
Face à la complexité croissante des projets, de nombreuses entreprises adoptent des approches hybrides, qui combinent le meilleur des deux mondes :
- Cycle en V pour la gouvernance, le budget, le cadrage
- Agilité sur les lots fonctionnels, les développements, les prototypes
On parle parfois de « V agile » ou « mode bimodal » (Gartner). Cette approche permet de :
- Rassurer la direction avec des jalons classiques
- Laisser de la souplesse aux équipes pour livrer de la valeur rapidement
L’hybride est particulièrement adapté aux grands programmes, aux projets IT-métier ou aux environnements réglementés qui veulent rester innovants.
6. Erreurs fréquentes à éviter dans le choix de la méthode
Choisir une méthode inadaptée peut conduire à l’échec, même avec une bonne exécution. Voici quelques pièges à éviter :
- Choisir l’agile par effet de mode sans préparer la culture interne
- Forcer un cycle en V sur un projet d’innovation incertain
- Négliger la formation des équipes à la méthode choisie
- Oublier le sponsor : il doit comprendre et soutenir la démarche
- Changer d’approche en cours de route, sans alignement global
Le choix de la méthode est un acte stratégique, à prendre dès le lancement du projet, avec l’implication de toutes les parties prenantes.
Conclusion
Agile ou classique ? Il n’y a pas de réponse unique, mais des projets, des contextes et des objectifs différents. L’essentiel est de :
- Bien évaluer les spécificités de votre projet
- Tenir compte des parties prenantes
- Rester pragmatique dans l’application de la méthode
Aujourd’hui, les gestionnaires de projet doivent être multiméthodes, capables d’adapter leur posture et leurs outils à chaque situation. La clé du succès ne réside pas dans la méthode, mais dans la cohérence entre l’approche choisie, les objectifs à atteindre et la capacité collective à la mettre en œuvre.